
Violences conjugales: les pharmacies à l’écoute
Une violence aux multiples visages
Car la violence ne se résume pas aux coups. Elle peut être physique, mais aussi économique, psychologique ou sexuelle: injures, harcèlement, humiliations, viol, ou contrôle financier en sont des déclinaisons. Toutes ces formes d'abus laissent des traces profondes, souvent durables.
Ces situations touchent tous les milieux, sans distinction d’âge, d’origine ou de condition sociale. Derrière les portes closes, la honte, la peur ou l’isolement réduisent souvent les victimes au silence. On estime que seulement 10% à 22% d’entre elles osent porter plainte. Pourtant, de l’aide existe.

Les pharmacies, des lieux de confiance
Et si l’officine avait un rôle à jouer dans la prévention de ces dérives? C'est l’approche adoptée par les autorités vaudoises: en 2022, elles mandatent l’entreprise Take Off Concept pour créer une formation en ligne visant à sensibiliser le personnel des pharmacies.
Ce module suscite un vif intérêt: déjà 450 professionnels se sont formés dans le canton de Vaud, et plus de 1 000 à travers la Suisse. Carolina et Emily, pharmaciennes à la pharmacieplus du forum, à Nyon, ont franchi le pas avec conviction: "Les pharmacies sont des lieux faciles d’accès, ouverts selon des horaires étendus et disposant d’espaces de confidentialité. C’est l’endroit idéal pour repérer les signes de violence, même discrets."
Au-delà de la détection de tels signes, le personnel formé apprend à instaurer un climat de confiance, condition essentielle pour que la parole se libère. Mais que se passe-t-il ensuite? Carolina développe:
"Nous offrons d'emblée un message de soutien. Puis, nous accompagnons la personne vers des institutions plus à même de juger la situation. Enfin, nous l’informons de ses droits, et évaluons le danger de récidive afin de la protéger."
Un label pour identifier les lieux sûrs
Pionnier en la matière, le canton de Vaud a lancé il y a deux ans un label identifiant les pharmacies où les victimes peuvent trouver écoute, confidentialité et soutien, sans jugement et sans rendez-vous. Les pharmaciennes de la pharmacieplus du forum, détentrice du label, constatent l’intérêt suscité sur le terrain: "Les stickers interpellent et les flyers placés sur le comptoir et dans l’espace conseil sont lus aussi bien par les femmes que par les hommes."
C’est un message fort: il existe des lieux sûrs, proches et accessibles, où l’on peut oser parler.

Si vous êtes concerné·e — ou si vous vous inquiétez pour quelqu’un de votre entourage —, venez nous en parler en officine. Vous n’êtes pas seul·e.

